DISNEY / CENSURE & SYNDICATS

ENQUETE : MARS 1999

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Disney, censure,
syndicats et Internet

C'est indubitable : à Disneyland Paris sévit un apprenti sorcier. Là-bas, nul ne saurait impunément révéler au grand jour la réalité d'un "Royaume" que ses concepteurs disent "magique".
Intox, censure, pressions ou tentatives de licenciement sont le quotidien de salariés-acteurs (les cast-members) trop expansifs aux yeux d'un employeur sans remords.

Hier, on survivait pour faire rêver, aujourd'hui on rêve de survivre". Assurément, en ce deux juillet 1998, il y a quelque chose de pourri à Disneyland Paris. Depuis plus d'une semaine, près de 300 grèvistes -selon les syndicats- déploient chaque jour leurs banderoles à quelques pas de l'entrée du parc d'attractions, où se pressent quotidiennement plusieurs dizaines de milliers de touristes venus chercher leur part de rêve. Mais les cast-members ne prennent pas de gants, et le réveil est parfois brutal : "il n'y a plus de Minnie et de Mickey pour les mômes" découvre avec stupeur un touriste britannique.
Lancé par les animateurs costumés, le mouvement de grève s'est peu à peu étendu aux techniciens du spectacle puis aux personnels de la restauration, sans toutefois entraîner de perturbation majeure dans le fonctionnement des attractions.
"Disney n'est pas un Etat dans l'Etat qui appliquerait ses lois du travail" clame une lettre ouverte de la CGT à destination de la direction. "Il faut appliquer l'avenant spectacle de la Convention Collective Nationale des Parcs de Loisirs et d'Attractions à l'ensemble des personnels" revendique le syndicat majoritaire chez Disney. Au service des ressources humaines, on indique simplement que "des rendez-vous individuels et au cas par cas" ont été pris avec une quinzaine de grèvistes, qui reprendront progressivement le travail après trois semaines d'un conflit qui n'a jamais dépassé les grilles du parc. Il faudra pourtant patienter jusqu'au 18 novembre 1998 pour que le tribunal de Meaux donne raison aux grèvistes, en imposant à Disney (qui a fait appel) l'application de la Convention Collective.
Une victoire significative pour les artistes du parc dont les salaires sont ainsi réévalués de 30 à 40%!
A la CGT, on refroidit pourtant l'enthousiasme : "la flexibilité que l'on veut nous présenter comme un des signes de la modernité a décidément de curieux relents de Moyen-Age!" Et dans les "coulisses des châteaux en carton-pâte", "les mesures de rétorsion et d'intimidation" se poursuivent à l'égard des plus virulents d'entre tous.

"On va casser la CGT"

"Pour les américains, la CGT était le diable" se souvient Roger Dupont, délégué CGT à Marne-la-Vallée, désormais "interdit" de parc. Et les "fox", les surveillants en civil, prennent assurément leur rôle à coeur. Un rassemblement syndical en prévision, une manifestation, une distribution de tracts? "La veille, Disney réunit son service de sécurité en disant : on va casser la CGT" assure Roger Dupont.
"Il y a quelques mois, des coups ont été échangés lors d'un rassemblement, et la direction a décidé de licencier 16 salariés pour violences. Quatorze d'entre eux ont été réintégrés après un passage au tribunal". Un tribunal que n'hésitent pas à saisir les syndicats, afin d'accentuer les pressions face à "l'impérialiste américain".
"Quand on demande la citation directe de Bourguignon et Pélisson, on veut montrer qu'il n'y a personne d'intouchable" explique Roger Dupont, intarissable sur le sujet. Dès son premier procès, la confédération a obtenu la condamnation de l'entreprise. De nombreux autres ont suivi. Il y a eu les intérimaires, les accidents du travail, le "look" Disney, la Convention Collective...
"Lors de notre première rencontre avec Fitzpatrick et les représentants de la société, je leur ai dit que Mickey repartirait avec une carte de la CGT aux USA!" rigole encore Roger Dupont. "Mais nous n'avons toujours pas terminé la bagarre, nous voulons être un repère pour les salariés".
Représentants plus de 80 nationalités, les cast-members expriment cependant des cultures syndicales souvent divergentes qui ne facilitent pas la tâche de syndicats estimant que le pire n'est pas encore atteint. Délégués "virés", employés "moralement brisés", horaires de travail "inacceptables", la lutte sociale se poursuit sur tous les fronts -35 heures compris. Un accord a bien été annoncé le 15 avril 1999, mais sans l'approbation de la CFDT et de la CGT, pourtant majoritaires. "Il manquait deux phrases pour qu'on signe" reconnaît Roger Dupont.
La première? L'intégration du temps de "costuming" dans les horaires de travail (soit près d'une heure par jour).
La seconde? En juin dernier se sont déroulées les élections syndicales, et Disney souhaitait diminuer le nombre d'établissements (de 16 actuellement à 10), donc de délégués syndicaux.
Unique motif de satisfaction pour la CGT? Le développement de la sous-traitance... donc du risque de conflits.
Chaque partie fourbit déjà ses armes.

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Lycéen, Fabrice Bensoussan a dû fermer la rubrique "les Cast-Members ont la parole" de son site sous la pression de Disney.

"Les mesures de rétorsion et d'intimidation" se poursuivent à l'égard des plus virulents.

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Résidences avec les loups.

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Anatomie du Cast-Member
(interview).

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Disney sur la Toile...

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Commentaire.

Couverture de la Disneyland Paris Tribune.

Disneyland Paris Tribune, revue interne des Cast-Members.