Ancienne commune rurale à l'extrémité Est de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, Bailly-Romainvilliers rassemblera bientôt près de 6000 habitants, alors qu'elle n'en comptait guère plus de 500 il y a tout juste une dizaine d'années. Portrait d'une ville marquée par l'arrivée de Disney.
ans le hall d'accueil de la mairie de Bailly-Romainvilliers s'exposent conjointement en modèle réduit l'histoire et l'avenir d'une commune qui n'en demandait pas tant. Sous verre et en couleurs, la maquette du village dévoile des contours en pointillés. Boulevard des sports, rue des berges, ancien CD 406, boulevard des artisans, place de l'alouette… sur les cartes routières, seule la rue de Paris semble témoigner de la réalité passée de la commune. Une simple ligne droite effleurant le bourg d'est en ouest, de Meaux à Paris, en passant par Bailly sans un regard. Il y a dix ans encore, seuls les commerçants itinérants stationnaient sur les bas-côté du village pour fournir à ses habitants un minimum vital. Le pain quotidien, un peu de viande, des conserves. Et puis il y avait les champs à perte de vue, quelques fermes de part et d'autre de la rue de Paris, les terres briardes. Désormais, la place de l'Europe jouxte le square de la terrasse, la rue de Paris n'y mène plus, le klaxon répété du boulanger s'est tu, il faut prévoir l'agrandissement du cimetière et l'on rejoint la capitale par l'A4 sans même deviner que derrière les talus Disney a considérablement transformé les paysages.Sur la maquette, à la mairie, Bailly laisse deviner des allures de Berlin. Une ville chantier. Une ville nouvelle dans les interstices de l'histoire. "Futur gymnase 1999", "futur terrain de sports 1999", "futur collège", "futur groupe scolaire 1999", "future crèche", "halte-garderie 1999"… Le journal municipal titrait lors de la dernière rentrée scolaire sur "le baby-boom". A peine sept années se sont écoulées depuis la construction du premier établissement scolaire de Bailly-Romainvilliers et l'ouverture de ses 16 classes (soit l'ensemble scolaire le plus important de sa circonscription) avant que celui-ci n'affiche complet. Un véritable record de croissance… planifié depuis ses origines.
Une folie urbanistique?
Dans les années soixante, quelques centaines d'habitants seulement (environ 600) peuplaient la commune. Fin 1998, ils étaient 3500. A terme, ils seront plus de 6000. Soit une croissance supérieure à 1000% en une décennie! Et nul ne sait encore s'il faut considérer ce phénomène tel un exploit ou une précipitation dangereuse et socialement explosive. "Bailly a peut-être connu l'urbanisation la plus rapide du secteur" reconnaît son maire, Michel Colombé. "Nous étions 600, et nous n'avions rien. Alors nous avons décidé de ne pas vivre dans un chantier permanent pendant dix, vingt ans. Je me suis dit qu'il fallait construire vite, et en grande quantité" afin d'atteindre un seuil critique permettant le développement de commerces viables et d'infrastructures conséquentes. Une révolution. "Autrefois, nous n'avions que les commerces ambulants, sinon il fallait se rendre à Meaux ou Lagny" rappelle Maurice Maeckelberghe que tous désignent ici comme la "mémoire" du village. "Notre vie est transformée, c'est le jour et la nuit !" Elu pour la première fois en 1959, adjoint au maire chargé des travaux depuis 1977, Maurice Maeckelberghe, né de parents flamands arrivés en France avant la guerre de 1914, connaît la ville depuis 1935. Sa femme aussi. "J'avais huit ou neuf ans, mes parents travaillaient dans une ferme, ils avaient une petite culture. Mais durant la guerre, avec la grippe espagnole, toutes les bêtes ont crevé. Alors mon père est devenu contremaître dans une ferme. Et je ne suis jamais parti d'ici". Son adresse? 59, rue de Paris. Mais tous les terrains appartiennent à sa famille sur près d'une centaine de mètres. L'arrière grand-père de sa femme n'était-il pas déjà maire de la commune? Dans son quartier, l'ancien bourg, le décor n'a guère évolué depuis la folie urbanistique. Seul un lotissement est venu s'édifier en bout de rue, la place de la mairie a connu un lifting dans l'attente de son agrandissement prochain, et quelques champs ont disparu. Car Bailly a choisi un développement à double face en s'imposant la création d'un nouvel hypercentre où se concentrent commerces et habitations. (lire la suite...)
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| Les bassins de la résidence Appolonia à l'entrée de Bailly-Romainvilliers. | | |
"Bailly a peut-être connu l'urbanisation la plus rapide du secteur" reconnaît son maire, Michel Colombé. |
| Mairie de Bailly-Romainvilliers
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