DISNEY / MARNE - LA - VALLEE

REPORTAGE : MARS 1999

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Michel Colombé, maire de Bailly Romainvilliers :
"Je suis le seul rescapé"

Après cinq mandats en tant que maire à Bailly-Romainvilliers, Michel Colombé est aujourd'hui le dernier des "rescapés" du secteur IV à cette fonction depuis l'arrivée du parc Disneyland.
A moins qu'il ne fut simplement le précurseur d'une avenir plus prévisible que l'on ne veut bien l'imaginer.

La genèse

"J'habite à Bailly depuis 35 ans, je suis maire depuis 26 ans. Auparavant, j'habitais à Lagny/Marne où j'étais professeur de mathématiques, mais je voulais me mettre au calme, vivre retiré de la ville".
"Les maires qui paraissent étonnés aujourd'hui d'un tel développement ne conaissent pas la région : je possède des plans datant d'il y a 40 ans où l'on parlait déjà de 100 000 habitants à terme sur le secteur IV, même l'implantation du RER était prévue à quelques centaines de mètres près. Le secteur représente 3000 hectares, et avant même l'arrivée de Disney, l'Etat possédait la moitié des terres qu'il rachetait lors des successions. Disons que l'urbanisation a été accélérée de cinq ans.

Matignon au téléphone

"Je suis le seul maire rescapé de cette aventure. La manière par laquelle nous avons été avertis de l'arrivée de Disney ressemble à un gag : un matin, je donnais un cours lorsque le principal entre dans ma classe et m'annonce que Matignon me demande au téléphone. L'après-midi même, à quinze heures, rencontre avec Laurent Fabius (Premier Ministre de l'époque) en compagnie des autres maires du secteur, qui nous annonce que Disney arive sur notre territoire. Nous avons demandé : "mais qu'est-ce qu'un parc Disney?" Nous n'y connaissions rien, alors on nous a emmené en Floride. Aux Etats-Unis, c'est pire. Là-bas, la superficie d'un parc Disney, c'est la moitié de la Seine et Marne!""Mes quatre collègues étaient des agriculteurs, ils n'étaient pas très favorables au projet. De toute façon, nous n'avions pas beaucoup notre mot à dire. L'Etat a signé le contrat, a exproprié les agriculteurs ainsi qu'une vingtaine d'habitants qui ont été touchés".

Michel Colombé, maire de Bailly-Romainvilliers

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Habitants :
Plus des consommateurs que des acteurs"

"Désormais, nous accueillons beaucoup d'habitants de Paris et de Seine-Saint-Denis qui veulent vivre à la campagne avec les services de la ville. Certains prétendent aussi que puisque Disney est là, il doit tout payer."
"Pour l'instant, les habitants sont plus des consommateurs que des acteurs, peu sont intégrés dans la vie locale. Il faut dire qu'il y a beaucoup de jeunes couples avec des enfants qui se sont souvent endettés, ils ont bien assez de leurs problèmes. Mais je pense que cela exige aussi que l'on fasse de l'éducation citoyenne".

Urbanisme,
de A à Z

"La chance et l'intérêt de ma fonction, c'est d'être maire à Bailly dans un secteur en plein développement. Dans une vie d'homme, c'est rare de concevoir le développement d'une commune de A à Z. Il y a trente ans, je me battais pour savoir si je bouchais un trou OU si je repeignais un mur. Aujourd'hui, je refais la route ET le mur!"
"J'avais une vision assez précise de l'urbanisme, je tenais à ce que les bâtiments aient des couleurs châtoyantes. Je ne voulais pas non plus des alignements parfaits, au cordeau, comme à Marne-la-Vallée. Je souhaitais plutôt prendre exemple sur Paris où chaque quartier possède sa vie propre, son atmosphère. Il fallait que les gens habitent à Bailly, mais vivent dans tel ou tel quartier. L'urbanisme anonyme est proscrit".
"Sur la commune, nous avons 400 HLM, mais je vous défie de parvenir à les repérer simplement en vous promenant! Nous avons caché tout ce qui peut l'être, il y a des trompe l'oeil sur les transformateurs électriques ainsi que sur les "armoires " France Télécom. Je voulais aussi beaucoup de fontaines, à l'ancienne, modernes, ou bien sculptures d'eau. Les toits en terrasse sont aussi interdits."
"Au début, tout le monde me prenait pour un fou, un tyran".

Avenir

"La commune comporte une zone artisanale qui se développe plus lentement que je ne l'espérais. Une seconde ZAC (dite "du Prieuré") sera commercialisée dans le courant de l'année. On ne veut ni ville-dortoir, ni mono-industrie. Si Disney va mal, la commune est sinistrée. Accueillir des activités sans rapport avec Disney et les loisirs (qui fonctionnent lorsque l'activité du pays est prospère) est donc primordial".

Si Disney va mal, l'activité est sinistrée

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